La notion de prix et de quantité d’équilibre est intimement liée au concept de marché. Le marché est un endroit réel (magasin) ou fictif (Internet) sur lequel va s’établir un prix d’équilibre, c’est-à-dire le prix pour lequel l’offre est égale à la demande.
La demande d’un bien représente la quantité voulue par un consommateur en fonction du prix. Si le prix est élevé, la demande aura tendance à être faible et inversement. Une manière intuitive de prouver cette relation opposée est de reconnaître qu’un consommateur dispose généralement de ressources limitées pour acheter un certain bien. En jargon économique, on dit qu’il fait face à une contrainte budgétaire. Ainsi, si le prix d’un bien augmente, une conséquence directe de sa contrainte budgétaire sera qu’il pourra moins en consommer. En d’autres termes, la demande baissera.
L’offre, quant à elle, représente la quantité proposée par un producteur ou vendeur en fonction du prix. Si le prix est élevé, l’offre aura tendance à être élevée également. Deux raisons principales permettent d’expliquer cette relation positive:
1) Toute chose égale par ailleurs, une augmentation du prix signifie que l’entreprise produisant le bien concerné fera un profit plus élevé par unité vendue. Comme les entreprises veulent maximiser leur profit, elles seront stimulées à produire une quantité supérieure.
2) Une augmentation du prix permet à des entreprises jusqu’alors non concurrentielles d’entrer sur le marché car il devient tout d’un coup plus facile de faire un profit.
Ensemble, ces deux phénomènes participent à augmenter, à court terme, l’offre à la suite d’une augmentation du prix.
Intéressons-nous maintenant à la rencontre de l’offre et de la demande. Comme nous l’avons vu, l’offre et la demande dépendent chacune du prix mais de manière opposée.
D’un côté, les producteurs ont intérêt à demander un prix plus élevé mais ils savent qu’un prix plus élevé mènera à une baisse de la demande. De l’autre côté, les consommateurs veulent naturellement dépenser le moins possible. Cependant, si le prix est trop bas, le producteur pourrait ne pas produire suffisamment, ce qui laisserait une partie de la demande non satisfaite. Dans ce contexte, il est raisonnable d’imaginer qu’il existe un prix pour lequel l’offre est égale à la demande. En jargon économique, on parle alors de prix et de quantité d’équilibre. Cette intuition est généralement représentée à l’aide du graphique suivant:
Quelques commentaires sur le graphique:
En théorie, le prix de marché est optimal car chaque acteur y trouve son compte. A ce prix, le producteur produit exactement ce que l’acheteur veut acheter.
La loi de l’offre et de la demande est fondamentale en économie et se retrouve en action dans la plupart des phénomènes économiques. Que ce soit de l’action la plus banale comme acheter son petit pain au chocolat à la boulangerie jusqu’à la transaction la plus complexe sur les marchés financiers, le concept de l’offre et de la demande n’est jamais très loin.
Au-delà de la crise sanitaire d’ampleur mondiale, la pandémie de coronavirus a changé les habitudes de consommation de centaines de millions de personnes. Comme souvent en économie, les implications de ces changements de comportements peuvent être analysées à travers le prisme de l’offre et de la demande.
1ère application: gels hydroalcooliques
Afin de limiter la propagation du virus, les autorités sanitaires ont rapidement souligné l’importance d’un lavage des mains efficace et régulier. Dans ce contexte, la demande de gels hydroalcooliques a explosé. A court terme, les pharmacies et autres producteurs n’ont cependant pas réussi à augmenter suffisamment la capacité de production (offre) et se sont retrouvées en rupture de stock. Par conséquent, le prix des désinfectants a augmenté de manière significative; il n’était par exemple pas rare de devoir débourser près de 10 CHF pour 100ml de désinfectant alors que le prix de référence était aux alentours de 5 CHF. A moyen terme, cependant, de nouveaux producteurs sont entrés sur le marché afin de combler l’offre manquante; cette augmentation de l’offre a permis aux prix de retrouver leurs niveaux ordinaires.
2ème application: home office
Suite à la fermeture des écoles, enseignants et étudiants se sont retrouvées contraints de donner ou suivre les cours depuis la maison. Parallèlement, l’organisation du travail de bureau a également été chamboulée et le home office est rapidement devenu la norme. Dans les deux situations, l’impossibilité de se retrouver en personne a mené à une augmentation de la demande en matière d’outils de visio-conférence. Dans ce contexte, des applications spécialisées dans le domaine ont vu leur cours en bourse exploser (augmentation du prix). Ce fut notamment le cas de l’application Zoom: au début de l’année 2020, une action de l’entreprise s’échangeait pour environ 68$ sur les marchés financiers. En avril de la même année, il fallait débourser près de 150$, ce qui correspond à une augmentation de plus de 120% du prix!
3ème application: pétrole
Toutes les valeurs cotées sur les marchés financiers n’ont cependant pas suivi la même trajectoire. En quelques mois et pour la première fois de l’histoire, le prix du baril de pétrole a plongé, atteignant même des valeurs négatives à New York le 20 avril 2020! Cette baisse spectaculaire peut notamment s’expliquer par la baisse brutale de l’activité économique et la réduction drastique des déplacements de la population qui ont mené à une baisse considérable des besoins en pétrole dans le monde (baisse de la demande). Afin de limiter la baisse des prix, les grands pays exportateurs de pétrole se sont réunis en avril 2020 et ont décidé de réduire leur production au niveau mondial (baisse de l’offre).
1) Une offre supérieure à la demande provoque une baisse des prix
2) Une offre inférieure à la demande provoque une augmentation des prix
3) Une augmentation des prix provoque une augmentation de l’offre et une baisse de la demande
4) Une baisse des prix provoque une baisse de l’offre et une augmentation de la demande