Le monde est en pleine mutation. Notre société fait donc face à de nombreux défis: impact des avancées technologiques, limites planétaires, incertitude croissante due à l’augmentation des tensions géopolitiques,… Ces évolutions représentent un défi pour les enseignants qui doivent se réinventer en permanence.
Comment intégrer concrètement l’enjeu de la durabilité dans les programmes du Secondaire II? Quelles contributions supplémentaires Iconomix pourrait-elle apporter?
Éléments de réflexion avec Jasmina Djordjevic, chercheuse au Centre E4S.
Des sujets d’actualité
Iconomix aborde également des sujets d’actualité et des enjeux propres à notre époque, comme le changement climatique ou les émissions de CO2. Conformément à la vocation d’Iconomix, ces thématiques sont néanmoins avant tout abordées sous un angle économique.
Jasmina Djordjevic: La thématique du développement durable n’est pas nouvelle. Mais je dirais qu’on se trouve désormais dans une période charnière: les preuves scientifiques attestant du réchauffement climatique et du fait que certaines limites planétaires sont atteintes se sont amoncelées ces dernières années. Cela mène à une plus grande prise de conscience au sein de la population quant à la gravité de la situation et aux conséquences irréversibles de notre inaction.
L’éducation a été identifiée comme l’un des leviers pour faire face aux défis environnementaux collectifs que je viens d’évoquer. Dès lors, il est important d’adapter l’enseignement de l’économie en conséquence.
Former, c’est préparer les jeunes générations et leur donner une valise de compétences pour affronter ces questions.
Au niveau macro, un premier pas serait d’inclure la question du développement durable dans les plans d’études cadres nationaux et cantonaux. Ensuite, il faut inciter les enseignants à intégrer ces questions dans leurs cours d’économie, tout en utilisant leur liberté académique.
Et puis, il y a le développement de la matière enseignée en elle-même. L’économie, la science de la gestion des ressources limitées, est intrinsèquement liée aux questions de durabilité. Elle présente donc une porte d’entrée extrêmement intéressante pour traiter de ces questions.
Mais, il ne s’agit ici pas de jeter les théories classiques aux oubliettes, au contraire! C’est important de comprendre sur quels fondements se base notre système économique, puis d’explorer de nouvelles pistes théoriques pour compléter notre compréhension du monde et de son évolution. Et pour ce faire, il faut favoriser et encourager les collaborations entre les enseignants de différentes branches et également avec d’autres acteurs. Je ne le dirai jamais assez: la durabilité, c’est inter- et transdisciplinaire!
Les politiques de l’éducation peuvent adapter les plans d’études cadres pour les rendre plus compatibles avec la transition. De plus, une plateforme comme Iconomix peut être un outil puissant pour faciliter la mise en œuvre de ces nouveaux objectifs d’apprentissage.
Il y a aussi deux acteurs intéressants que nous n’avons pas encore mentionnés: l’industrie et les élèves. En ce qui concerne l’industrie, elle fait le pont entre la théorie et la pratique. Elle peut par exemple intervenir dans les classes ou offrir des opportunités d’engagement sur le terrain.
Quant aux élèves, ils se montrent très concernés par les enjeux liés au développement durable. Dès lors, pourquoi ne pas les associer au développement du cursus, co-construire avec eux les nouvelles leçons et co-développer de nouveaux narratifs?
Diplômée en économie politique de l’Université de Lausanne et passionnée par l’éducation depuis son jeune âge, Jasmina Djordjevic a réalisé son mémoire de Master au Centre «Enterprise for Society Center (E4S)». Son travail traite des enjeux liés à l’intégration du thème de la durabilité dans l’enseignement en économie au niveau gymnasial dans le canton de Vaud.