Informations de fond

Assurance-maladie

Comme tout autre type d’assurance, l’assurance-maladie protège contre les pertes financières liées à un risque, celui de tomber malade. 

La santé en Suisse, cela coûte combien?

Selon l’Office fédéral de la statistique, en 2022, les coûts de la santé en Suisse ont dépassé 90 milliards de francs et représentaient 12 % du PIB. En comparaison internationale, les coûts en Suisse sont comparables à ceux de l’Allemagne et de la France. Seuls les États-Unis dépensent sensiblement plus. Le système de santé suisse est connu pour son réseau dense de cabinets médicaux et d’hôpitaux qui permettent une prise en charge rapide.

Les coûts pour les soins de santé sont payés par l’assurance-maladie et les patients. À son tour, l’assurance-maladie se finance à travers les primes payées par les assurés. Ces primes sont élevées et représentaient 8.1 % des dépenses moyennes des ménages suisses en 2022, contre 6.3 % dépensés pour les produits alimentaires et les boissons non alcoolisées.

Une assurance, à quoi cela sert-il?

Pour le comprendre, il faut s’intéresser à comment fonctionnent les assurances, tout court. Personne n’est à l’abri d’un dommage et l’atteinte à la santé en fait partie. L’assurance est un moyen de se prémunir contre l’éventualité d’un événement qui peut causer un ▸dommage financier – un dommage qui, souvent, serait trop lourd à supporter pour un seul individu.
Donc, contre le paiement d’une ▸prime, et sous les conditions définies dans un contrat, l’assurance indemnise l’assuré en cas de ▸sinistre en puisant dans ses fonds. Pour proposer cette prestation, la compagnie d’assurance conclut, au préalable, un grand nombre de contrats avec d’autres particuliers ou entreprises. Comme seuls certains de ces derniers subissent un sinistre, le dommage financier est réparti entre de nombreux payeurs de primes. Ce principe, qui consiste à mettre en commun les risques et les assumer conjointement, s’appelle la «mutualisation des risques» ou ▸«principe de solidarité».

L'assurance-maladie en Suisse, ça marche comment?

Le «principe de solidarité» est également appliqué dans le cas de l’assurance-maladie.

La Suisse connaît deux types d’assurances-maladie:

  • L’assurance obligatoire des soins (AOS), aussi appelée «assurance de base». Comme son nom l’indique, elle est obligatoire pour toutes les personnes domiciliées en Suisse. Elle garantit l’accès et prend en charge tout un catalogue de prestations médicales, allant des consultations médicales de routine aux opérations de la hanche ou du pancréas. Il s’agit d’une assurance sociale et elle est régie par la Loi fédérale sur l’assurance-maladie (LAMal) depuis 1996.
  • Les assurances complémentaires. Ce sont des assurances facultatives qui couvrent des besoins particuliers (libre choix de l’hôpital, hospitalisation en chambre privée ou semi-privée, etc.) ou des prestations supplémentaires (traitements dentaires, méthodes de traitement alternatives, participation pour les lunettes et les lentilles de contact, etc.).

Dans ce qui suit, nous nous intéresserons à l’AOS, puisqu’elle est obligatoire pour tous. Les assurés peuvent, chaque année, librement choisir leur assurance et les compagnies d’assurance ont l’obligation d’accepter chaque personne. Les prestations sont les mêmes chez tous les assureurs, mais certaines conditions peuvent varier en fonction de la compagnie d’assurance et des préférences de l’assuré. En 2024, il y avait 39 assureurs autorisés à pratiquer.

Les compagnies d’assurance se démarquent au niveau des primes, des modèles d’assurance et des services proposés.

  • La prime. Le montant payé chaque mois pour la couverture d’assurance est individuel et ne dépend ni du revenu, ni du sexe ni de l’état de santé. La prime varie en effet selon l’assureur, le modèle d’assurance, la ▸franchise, la région de résidence ou l’âge.
  • Le modèle d’assurance. Certains assureurs proposent des modèles d’assurances particuliers. Les modèles les plus courants sont le modèle «HMO» (première consultation chez un médecin du cabinet de groupe choisi), «médecin de famille» (première consultation chez le médecin de famille choisi) et «TelMed» (consultation préalable par téléphone).
  • Le service. Au-delà des prestations purement financières, les compagnies d’assurance se distinguent notamment en termes de disponibilité du personnel administratif, du mode de facturation, du portail web, de l’application numérique pour gérer sa santé, etc.
     

La participation aux coûts, qu'est-ce que c'est?

Outre la prime d’assurance, une partie des coûts des soins de santé reste à la charge de l’assuré – c’est le principe de la «participation aux coûts». Les deux éléments les plus importants de la participation aux coûts sont les suivants:

  • La franchise. La franchise ordinaire se monte à 300 francs par année pour les adultes. Cependant, il est possible d’opter pour une franchise plus élevée (jusqu’à 2’500 francs), appelée «franchise à option» . Si cela permet de réduire la prime d’assurance-maladie elle exige une plus grande responsabilité individuelle.
  • La quote-part. Elle se monte à 700 francs par année pour les adultes et 350 francs pour les moins de 18 ans.

Ainsi, en cas de maladie, les coûts des soins se partagent entre l’assuré (franchise et quote-part) et l’assurance (solde des frais).
 

L'augmentation des coûts de la santé et les primes d'assurance, quel lien?

Les coûts de la santé mentionnés plus hauts sont en augmentation constante. Selon l’Office fédéral de la santé publique, depuis l’introduction de la LAMal en 1996 jusqu’en 2023, les coûts totaux du système de santé ont augmenté d’un facteur 2.5 et les coûts à charge de l’AOS d’un facteur 3.2. 

L’augmentation des coûts exerce une influence directe sur les primes d’assurance-maladie. Si la prime moyenne annuelle de l’AOS était de 1'539 francs en 1996, elle est multipliée d’un facteur 2.4 à 3'766 francs en 2022. Or, selon l’Office fédéral de la statistique, durant la même période, le revenu moyen par habitant en Suisse ne s’est développé que d’un facteur 1.5.

Par rapport au PIB, les coûts de la santé ont également augmenté durant cette période. Ainsi, la consommation de prestations de santé a crû plus rapidement que la production économique.
 

Aide à la lecture 

Le graphique représente les coûts du système de santé et à charge de l’AOS en milliards de francs (axe de gauche en bleu) ainsi que les coûts du système de santé en % du produit intérieur brut (axe de droite en rouge).

Exemple: En 1996, les coûts du système de santé représentaient 37,7 milliards de francs (dont 11,3 milliards étaient à charge de l’AOS) et 9,0% du PIB.

Pourquoi les coûts augmentent-ils?

Les facteurs de la hausse des coûts de la santé sont multiples:

  • Les progrès de la médecine permettent l’utilisation de technologies plus performantes, mais toujours plus chères
  • Le vieillissement de la population et l’augmentation de l’espérance de vie nécessitent plus de soins pour les maladies chroniques et l’apparition de la multimorbidité sur plus d’années
  • L’extension du catalogue des prestations assurées
  • Les prix élevés des médicaments en comparaison internationale avec un faible recours aux ▸médicaments génériques
  • Le renchérissement des actes médicaux lié à la croissance des revenus
  • Des mauvaises incitations dans le financement des prestations

Que peut-on y faire?

Les solutions pour freiner la hausse ne sont ni évidentes ni simples à mettre en place car il s’agit d’un bien précieux: notre santé. Parmi les pistes à explorer, nous notons les éléments suivants:

  • Mise à profit des progrès médicaux pour transférer des soins médicaux du ▸stationnaire vers l'ambulatoire
  • Incitation à recourir aux médicaments génériques en prélevant une quote-part plus élevée sur les médicaments originaux
  • Renforcement de la responsabilité individuelle en augmentant le montant des franchises 
  • Promotion des modèles d’assurance avec libertés limitées
  • Révision du catalogue des prestations assurées
  • Utilisation des progrès de la numérisation pour la «cybersanté» en recourant à la télémédecine avec des consultations par téléphone ou appel vidéo
  • Promotion d’un mode de vie sain et investissement dans la prévention

Sources et références pour aller plus loin

Glossaire

Dommage

Un dommage est un préjudice involontaire causé à autrui.

Franchise

La franchise est le montant que la personne assurée doit payer de sa poche pour les cas de sinistres (maladies) survenant durant une année.

Médicaments génériques

Après une période où le médicament original est protégé par un brevet, des copies du médicament original, appelé «génériques» peuvent être produits (avec la même substance active) et vendus (à un prix plus bas).

Prime

La prime est la somme d'argent qu'une personne assurée verse régulièrement à la compagnie d'assurance afin de recevoir une compensation financière en cas de dommage.

Principe de solidarité

Le principe de solidarité implique que les risques sont partagés au sein d’un groupe donné. Tous les membres versent une somme d’argent dans une cagnotte. En cas de sinistre au sein du groupe, les frais occasionnés seront couverts par cette cagnotte.

Quote-part

Une fois le montant de la franchise atteint, chaque assuré doit, en plus, payer 10% des coûts qui dépassent le montant de la franchise.

Sinistre

Un sinistre est un événement qui provoque un dommage.

Traitements stationnaires vers l'ambulatoire

On parle de traitements stationnaires quand le patient passe la nuit à l'hôpital. En revanche, lors d'un traitement ambulatoire, le patient sort de l’hôpital le jour même de l’intervention.