Une banque est une entreprise dont l’activité principale consiste à recevoir l’épargne en dépôt, à accorder des crédits et à fournir d’autres services financiers.
Une banque remplit deux tâches fondamentales: d’une part, elle prend en dépôt l’argent que les épargnants versent sur leur compte et, d’autre part, elle octroie des crédits à sa clientèle. Elle joue ainsi le rôle d’intermédiaire entre épargnants et emprunteurs (illustration 1). Une banque fournit en outre des prestations financières telles que le règlement de paiements, la gestion de fortune ou les opérations de change.
Pour les banques, les emprunteurs sont des particuliers ou des entreprises qui ont besoin d’argent pour consommer ou pour réaliser un investissement. En échange de cet argent, ils versent à la banque des intérêts, fixés notamment en fonction de la durée du crédit et du risque de défaillance. Par risque de défaillance, on entend la probabilité qu’un emprunteur ne puisse pas rembourser le crédit. Plus ce risque est grand, plus les intérêts demandés sont élevés. Certains crédits sont couverts par un nantissement (sûreté ou garantie), ce qui permet d’accorder des intérêts plus faibles, car la banque peut utiliser l’objet nanti en cas d’insolvabilité. C’est, par exemple, le cas des crédits hypothécaires, qui permettent à un emprunteur d’acquérir un bien immobilier. En cas d'insolvabilité, la banque peut réaliser le gage en vendant ce bien.
Les épargnants peuvent être des particuliers ou des entreprises. L’argent qu’ils confient à la banque est appelé «dépôt». En échange, celle-ci leur verse des intérêts, qui dépendent du type de compte. D’une manière générale, plus le compte offre de flexibilité en termes de paiements et de retraits, plus les intérêts sont bas. Ceux qui sont versés sur un compte courant ou un compte privé sont donc inférieurs aux intérêts d’un compte d’épargne ou de placement, car ces derniers occasionnent moins de charges à la banque. De plus, l’argent placé sur un compte d’épargne (également appelé «compte de dépôt») est en partie «lié», c’est-à-dire que seul un montant précis peut être retiré sans autres formalités. Tout retrait d’un montant supérieur doit être annoncé quelques mois à l’avance ou fait l’objet de frais.
Les différents secteurs d’activité ne sont ni répartis ni dénommés de la même manière dans les établissements bancaires. Pour permettre une vue d’ensemble, les activités des grandes banques sont souvent regroupées au sein de trois ou quatre secteurs d’activité principaux: la banque de détail (retail banking) comprend les services bancaires aux particuliers et aux petites et moyennes entreprises (PME), à savoir les activités classiques de dépôt de fonds et de crédit, les opérations de paiement (ou trafic des paiements) et le simple conseil. Les prestations relatives à la gestion de fortune vont du conseil financier personnalisé à la prise et à l’exécution de décisions de placement. Ce domaine comprend le suivi de la clientèle privée fortunée (private banking ou wealth management) et la gestion d’actifs (asset management). Cette dernière expression désigne souvent la gestion des placements financiers, l’élaboration de nouveaux produits de placement et le conseil en placement pour les clients institutionnels tels que les caisses de pensions. Enfin, la banque d’investissement (investment banking) englobe le financement d’entreprises, le conseil aux entreprises, les opérations de négoce et l’activité des départements de recherche (analyse de l’évolution des marchés). Elle comprend également le développement de nouveaux produits financiers. Par ailleurs, les banques achètent et vendent des produits financiers pour elles-mêmes; ce domaine d’activité de la banque d’investissement est appelé opérations pour compte propre.
Banque de détail (retail banking) | Gestion de fortune | Banque d’investissement (investment banking) |
| Banque privée (private banking)
Gestion d’actifs (asset management)
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Tableau 1: Exemples de services bancaires par secteur d’activité
D’un côté, les épargnants souhaitent que leur argent – quel que soit le montant – soit placé de manière sûre, mais qu’il reste disponible dans la mesure du possible. De l’autre, les emprunteurs ont besoin de sommes précises, souvent importantes, pour une période définie, et il n’est pas certain qu’ils puissent les rembourser. Ces besoins divergents rendent difficile un accord direct entre épargnants et emprunteurs. En outre, des épargnants qui ne connaissent pas le secteur financier auront du mal à évaluer et à surveiller la solvabilité des emprunteurs. C’est là qu’interviennent les banques: grâce à leur activité, elles rapprochent les épargnants et les emprunteurs. Elles sont, par ailleurs, spécialisées dans l’évaluation et la surveillance de ces derniers. Comme les banques ont de très nombreux clients, elles sont mieux à même d’évaluer le risque de perte («loi des grands nombres»). Le tableau 2 présente, à l’aide d’exemples concrets, le rôle d’intermédiaire des banques.
Cas 1: conversion des volumes | Cas 2: conversion des échéances | Cas 3: conversion du risque | Cas 4: information | |
Emprunteur Alex: | A besoin d’un crédit de 50 000 francs. | A besoin d’un crédit pour une durée de 5 ans. | Ne pourra peut-être pas rembourser le crédit. | Affirme être un emprunteur sérieux. |
Epargnante Brigitte: | Souhaite placer ses économies (5000 francs). | Souhaite pouvoir retirer son argent rapidement. | Ne veut en aucun cas perdre son argent. | Ignore si elle peut faire confiance à Alex. |
Problème: | Les montants sont très différents. | Une échéance de crédit fixe ne peut être garantie. | L’activité de crédit comporte des risques. Les épargnants privilégient la sécurité. | Remboursement incertain du crédit. Seuls les emprunteurs diposent de l'information, car ils savent s'ils rembourseront le crédit. |
Contribution de la banque: | Plusieurs avoirs bancaires d’un faible volume sont utilisés pour financer des crédits plus importants. | Comme de nombreux clients retirent régulièrement de l’argent de leur compte ou qu’ils alimentent périodiquement ce compte, une partie des avoirs bancaires reste toujours auprès de la banque, qui peut l’utiliser pour des crédits à plus long terme. | Etant donné que la banque a un grand nombre de clients, elle peut mieux évaluer la probabilité d’une défaillance. Son expérience et sa spécialisation réduisent son exposition aux risques de défaillance. La banque exige le paiement d’intérêts sur les crédits afin de pouvoir couvrir (entièrement ou en partie) les défaillances qui se produisent. | La banque réduit les problèmes liés à l’information: en général, elle finance seulement les bons crédits (qui génèrent des revenus). Ceux-ci sont remboursés dans la majorité des cas, grâce à la surveillance. |
Tableau 2: Le rôle d’intermédiaire des banques
Les marchés des capitaux assument la même fonction d’intermédiaire que les banques: les emprunteurs peuvent y émettre des titres de créance et les vendre aux épargnants afin d’obtenir de l’argent pour une période précise. Cette levée directe de fonds sur le marché des capitaux s’accompagne toutefois de certaines contraintes, même sur des marchés bien développés, qui se justifient surtout pour des emprunteurs sollicitant des crédits nombreux et volumineux. De manière générale, on peut affirmer que les particuliers et les petites entreprises se tournent plutôt vers les banques pour obtenir des crédits, alors que les grandes entreprises ou les Etats font souvent directement appel au marché des capitaux. Même dans ce dernier cas, des banques sont impliquées la plupart du temps, car elles aident les entreprises à obtenir des prêts sur ce marché.
Le bilan d’une banque, comme celui de toute entreprise, est constitué de deux parties: l’actif et le passif. L’actif comprend le patrimoine, notamment les crédits octroyés par la banque, qui représentent un avoir pour celle-ci. C’est pourquoi une opération de crédit est également désignée comme une opération active. Le passif comprend les dettes de la banque vis-à-vis des clients, notamment les dépôts d’épargne. C’est pourquoi le dépôt de fonds est également désigné comme une opération passive.
Contrairement au bilan d’une entreprise conventionnelle, celui d’une banque est composé d’une faible part de capitaux propres (également appelés «fonds propres») et d’une proportion élevée de fonds de tiers («fonds étrangers»). Cette particularité tient au modèle commercial des banques: alors que les autres entreprises contractent des dettes pour financer des investissements (machines, etc.), recevoir des dépôts d’épargne fait partie des activités principales des banques; or ces dépôts sont par nature toujours des fonds de tiers.
Actif | En % |
Liquidités (espèces) | 21 |
Créances sur les banques (avoirs à vue auprès d’autres banques) | 7 |
Créances sur la clientèle et créances hypothécaires (crédits aux clients) | 49 |
Immobilisations financières, titres, participations | 16 |
Autres postes | 7 |
TOTAL | 100 |
Source: Portail de données de la BNS, état 2021
Passif | En % |
Engagements envers les banques (crédits d’autres banques) | 11 |
Engagements envers la clientèle (avoirs à vue des clients) | 57 |
Autres postes | 24 |
Fonds propres | 8 |
TOTAL | 100 |
Dans les opérations d’intérêts classiques (financement de crédits à l’aide des fonds de l’épargne), les banques gagnent de l’argent en exigeant des intérêts plus élevés pour les crédits octroyés que ceux qu’elles versent sur les dépôts des épargnants. Cette différence entre les intérêts perçus et les intérêts payés s’appelle la marge d’intérêt. Les autres revenus des banques proviennent des frais imputés à leurs clients pour différents services, comme l’exécution d’ordres d’achat en bourse (opérations de commission).
La marge d’intérêt représente la principale source de revenus pour les petites banques régionales et cantonales, dont la banque de détail représente le domaine d’activité central. En revanche, les opérations de commission, les gains issus du négoce pour compte propre et ceux des produits financiers complexes constituent des sources de revenus de premier plan pour les grandes banques actives dans tous les domaines et pour les établissements bancaires spécialisés dans la gestion de fortune ou la banque d’investissement.
Comment les banques commerciales créent-elles de l'argent?
Les banques collectent de l'argent auprès des épargants et le prêtent ensuite aux ménages et aux entreprises; ainsi les banques créeent de l'argent. Le mécanisme peut être expliqué à l’aide d’un exemple:
Supposons qu’un épargnant dépose 20 000 francs en billets sur son compte bancaire. Ce dépôt ne modifie pas la quantité de monnaie dans l’économie. Les billets ne circulent plus, mais sont dans les coffres de la banque. Le compte de l’épargnant est crédité de 20 000 francs. Cette bonification correspond à de la monnaie scripturale, c’est-à-dire de l’argent qui existe non pas sous forme de pièces ou de billets, mais uniquement de façon «virtuelle» sur les comptes bancaires. Du fait que la monnaie scripturale sert aux paiements, tout comme le numéraire, elle entre néanmoins aussi dans la masse monétaire.
Mais que fait la banque avec l’argent de l’épargnant? Laisser l’argent inactif dans des coffres ne rapporte rien à la banque. Pourquoi ne le prêterait-elle pas contre rémunération? Un entrepreneur a besoin d’argent pour acheter du matériel informatique. Des 20 000 francs versés par l’épargnant, la banque prête 16 000 francs à l’entrepreneur et porte la somme sur le compte de celui-ci. Cette opération modifie-t-elle la masse monétaire?
L’épargnant a toujours 20 000 francs sur son compte. L’entrepreneur a reçu en prêt 16 000 francs. La masse monétaire a par conséquent augmenté de 16 000 francs. Si l’entrepreneur acquiert pour 16 000 francs de matériel informatique et que le vendeur verse le montant reçu en billets à sa banque, celle-ci peut à nouveau en prêter une partie sous forme de crédit. La masse monétaire s’accroît à nouveau. Le processus de création monétaire se poursuit.
A l’inverse, lors du remboursement d’un prêt, l’argent qui avait été créé disparaît. Après que l’entrepreneur a remboursé le prêt de 16 000 francs à la banque, il ne reste plus que le dépôt de l’épargnant, soit 20 000 francs.
Y a-t-il des limites à la création d'argent par les banques commerciales?
La création de monnaie par les banques a ses limites. Ainsi, conformément à sa politique en matière d’octroi de crédit, une banque n’accordera de prêt que si elle est certaine de se faire rembourser à l’échéance, intérêts compris. Des prescriptions sont en outre en vigueur qui empêchent la création illimitée de monnaie. De ce fait, pour chaque prêt octroyé, une banque doit détenir des fonds propres correspondants; cette exigence a pour effet de restreindre l’expansion des crédits et, partant, de la masse monétaire.
De plus, la loi contraint les banques à établir des réserves minimales, ce qui signifie que les banques doivent maintenir chez elles une partie des dépôts de la clientèle.
Ces trois éléments (solvabilité des emprunteurs, dispositions légales sur les fonds propres, réserves minimales prescrites par la loi) réduisent la possibilité des banques d’octroyer des crédits et donc de créer de la monnaie.
Finalement, la Banque centrale (en Suisse: la Banque nationale suisse BNS) détermine la quantité de monnaie créée par les banques en fixant le volume des fonds qu’elle leur propose et en fixant le niveau du taux d’intérêt, qui influence la demande et l’offre de crédits. De cette manière, elle peut gérer la masse monétaire dont dispose l’économie dans son ensemble.
En comparaison avec d’autres pays, le secteur bancaire occupe une place importante dans l’économie suisse
La Suisse est connue dans le monde entier pour ses banques. Les établissements bancaires suisses sont en effet très bien positionnés, en particulier dans la gestion de fortune, grâce à la stabilité politique et économique du pays et au cadre réglementaire avantageux. Ils peuvent ainsi compter sur une vaste clientèle internationale: environ 48% des fonds gérés en Suisse proviennent de clients étrangers. La part de la Suisse dans le marché mondial des activités transfrontières de gestion de fortune s’élève à quelque 25%, ce qui fait de notre pays le leader des places financières.