Nouveau livre «Introduction à l’économie»

Trois questions à Luca Togni

En août 2024, la maison d’édition EPFL PRESS a publié un livre d’environ 200 pages intitulé «Introduction à l’économie». Ce dernier permet en trois chapitres de comprendre le fonctionnement du système économique en considérant les interactions existantes entre les entreprises, les banques et l’Etat.

Le premier chapitre est consacré à «L’entreprise» et à son rôle, à de nombreux égards, en tant que productrice et offreuse de biens et services. Cette partie met aussi en avant le fait que l’entreprise engage des facteurs de production. 
Dans le deuxième chapitre, «La banque», l’auteur met le focus sur le rôle central que jouent les banques commerciales et la Banque nationale suisse.
Le troisième chapitre s’intéresse à «l’Etat», ses rôles et ses fonctions et le tout en lien avec les particularités du système suisse.
Et, en fin de livre, des exercices, des activités didactiques variées ainsi qu’un lexique sont proposés.

L’auteur du livre, Luca Togni, est professeur d’économie et droit au gymnase et à l’école de commerce au Collège de Gambach à Fribourg. 
Nous avons demandé à Luca Togni pourquoi il est important d’étudier l’économie et ce, dans une perspective historique.

Introduction à l'économie

Source: EPFL PRESS

Le livre «Introduction à l’économie» a été publié en août 2024 par la maison d’édition EPFL Press.

Iconomix: Qu’est-ce qui t’a motivé à écrire un livre d’introduction à l’économie et à qui s’adresse-t-il?

Luca Togni: Ce qui m'a motivé, c'est qu'aucun manuel d'économie ne répondait pleinement à mes attentes. En particulier, en ce qui concerne la création monétaire, la plupart des ouvrages expliquent que les banques ne feraient que prêter l'argent des déposants. Pourtant, des institutions de renom comme la Bank of England ou la Deutsche Bundesbank soutiennent depuis des années que les banques peuvent créer de la monnaie par un simple jeu d'écritures comptables. C'est une controverse que j'aborde dans mon ouvrage. J'avais également pour ambition de concevoir un manuel qui ne se limite pas au paradigme dominant, mais qui présente la diversité des écoles de pensée. C'est pourquoi il fait souvent le récit des controverses. Plutôt que de me focaliser sur le modèle (néo)classique de l'offre et de la demande, je mets davantage l'accent sur le modèle du circuit économique, qui traverse les trois chapitres du livre: l'entreprise, la banque et l'État. Le livre est principalement conçu pour les élèves du gymnase qui suivent le cours d'introduction à l'économie, mais il s’adresse aussi à tous ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances dans ce domaine.

Ton livre s’ouvre sur une question fondamentale «Pourquoi étudier l’économie?». Peux-tu nous donner les principales raisons qui le justifient.

L’économie étudie l’activité humaine liée à la production, la distribution et la consommation de biens et de services. Dans mon ouvrage, je développe l'idée que l'économie concerne tout le monde, car elle impacte directement nos vies. Je souligne cependant que, contrairement aux sciences exactes, les modèles économiques reposent souvent sur des hypothèses parfois éloignées de la réalité, mais nécessaires pour formaliser des phénomènes complexes, ce qui mène à des divergences d’opinion au sein de la discipline. D’ailleurs, une plaisanterie bien connue dit que si l'on met deux économistes dans la même pièce, ils arriveront à trois avis différents! Étudier l’économie permet ainsi de développer un regard critique et informé, essentiel pour interpréter les résultats des économistes et mieux comprendre les défis économiques actuels.

Tu accordes une très grande importance à la vision historique des différentes notions abordées. Pourquoi ce regard en arrière est-il important?

Chaque courant de pensée en économie est né dans un contexte historique spécifique avec des préoccupations politiques particulières. Par exemple, Karl Marx et les socialistes dénonçaient l'exploitation des travailleurs au cours de l'expansion capitaliste du milieu du XIXe siècle, tandis que Léon Walras et les néoclassiques de la fin du XIXe siècle défendaient le libre marché et le profit pour récompenser les investissements privés. Aujourd’hui, à l’image de John Maynard Keynes après la Grande Dépression des années 1930, les économistes hétérodoxes dénoncent les échecs du (néo)libéralisme depuis la crise financière de 2007 et s’efforcent de proposer des alternatives. Chaque courant a ainsi apporté ses réponses en fonction des enjeux et des croyances de son époque. Comprendre le contexte historique permet de mieux saisir l’évolution des paradigmes et les motivations de leurs auteurs. Je cite notamment Albert Einstein qui disait qu'une théorie ne peut jamais être définitivement prouvée, car une expérience future pourrait la contredire. Enfin, en racontant l’histoire des notions abordées, j'espère rendre la lecture aussi captivante que possible.

Luca Togni

Source: Luca Togni

Luca Togni est professeur d’économie et droit au gymnase et à l’école de commerce au Collège de Gambach à Fribourg. Il est également enseignant formateur diplômé auprès du Centre d’enseignement et de recherche pour la formation à l’enseignement au secondaire (CERF) de l’Université de Fribourg. Il occupe par ailleurs la fonction d’expert aux examens de maturité gymnasiale pour l’option spécifique économie et droit.

Article de:
Sébastien Bétrisey
créé le 26.11.2024