Apprendre l’économie en jouant

Trois questions à Rita Demaurex

L’introduction du jeu dans l’enseignement de l’économie est une méthode qui a fait ses preuves, mais nécessite certaines connaissances préalables et une bonne dose d’organisation. Les jeux permettent d’aborder de nombreux thèmes économiques et de stimuler l’apprentissage en offrant aux élèves un cadre d’expérimentation sécurisé pour explorer des situations réelles complexes.

Rita Demaurex, enseignante d’économie et droit au gymnase de Burier, est elle-même friande de jeux de société et les utilisent également dans sa classe pour transmettre des notions d’économie à ses élèves. Dans cet interview, elle nous partage ses expériences.

Outils et liens

Jeu éducatif, vidéo ou article spécialisé: l’offre de formation Iconomix met à la disposition des enseignantes et enseignants plusieurs types de modules, qui s’appuient sur différentes formes d’apprentissage et de médias.

Pour en savoir plus, nous vous invitons à la lire la story «La valeur ajoutée de la diversité».

Iconomix: Quelles plus-values les jeux apportent-ils dans votre cours d’économie?

Rita Demaurex: Les élèves sont friands de tout ce qui est ludique et différent. Faire des jeux les motive et ils participent pour la plupart activement, car cela leur change des cours ex-cathedra ou de regarder des extraits vidéos pendant lesquels ils restent passifs. Des études ont prouvé qu’on apprend mieux quand on s’amuse. Je m’efforce donc de créer une ambiance positive, de rire avec les élèves pour les garder attentifs.

Les jeux sont aussi un excellent outil pour simuler des choix économiques de manière intelligente et concrète. Cela aide les élèves à mieux comprendre et retenir les notions abordées. Pour faciliter l’assimilation, je prépare une fiche avec des questions sur le jeu, des réflexions pour aller plus loin et je fais également des liens avec d’autres thèmes.

Quelles sont les compétences développées grâce à un jeu?

Au-delà des notions purement économiques, on entraîne, en jouant, certains mécanismes de prise de décision que le jeu et l’économie ont en commun. On apprend donc à mieux se connaître: est-on quelqu’un de compétitif, d’imaginatif, de créatif? Et puis jouer ensemble crée du lien entre les élèves, les pousse au dialogue pour résoudre ensemble une tâche complexe, et je trouve que c’est important pour l’alchimie d’une classe.

Au niveau cognitif, jouer aide à verbaliser ce qu’on fait, à anticiper les actions des autres et à ajuster son comportement. On développe donc des capacités analytiques, un esprit stratégique, une facilité à trouver des alternatives en cas d’échec. Les élèves apprennent ainsi à observer avant de prendre une décision, à réfléchir par eux-mêmes et à se débrouiller seuls.

Quels sont les pièges à éviter ou les limites que vous rencontrez?

Un piège serait d’imaginer que l’enseignant va jouer avec les élèves et de sous-estimer l’organisation nécessaire pour jouer en classe. Il faut choisir un seul et même jeu pour toute la classe d’une durée maximale de 30 minutes et venir, si possible, à l’avance installer les boîtes sur les tables… sans parler du rangement. Il est également indispensable de tester le jeu au préalable et de bien avoir les règles en tête. Il est recommandé d’envoyer une vidéorègle aux élèves avant le cours, afin qu’ils en prennent déjà connaissance.

On croit parfois que, pour qu’un jeu ait un apport concret pour le cours d’économie, il doit forcément aborder un thème économique, mais c’est aussi un piège. Le Monopoly, par exemple, simplifie les principes économiques à l’extrême et ne reflète pas la complexité de l’économie réelle. En revanche, il y a énormément de jeux de société dont les mécanismes sont économiques mais pas nécessairement le thème. C’est le cas de Bohnanza, où il faut planter des haricots, mais où on apprend les mécanismes de la gestion des stocks, du coût d’opportunité, de la rentabilité. Splendor, quant à lui, porte sur le thème des pierres précieuses, mais où on doit créer un moteur de production et apprendre à optimiser et faire des économies d’échelle pour améliorer son commerce.

Rita Demaurex

Source: Rita Demaurex

Rita Demaurex est enseignante d’économie et droit au gymnase de Burier et passionnée de jeux de stratégie. En 2009 et 2018, elle co-fonde à titre privé respectivement les associations «Fête Vaud Jeux» et «Holygames». Encouragée et inspirée par Iconomix, elle introduit petit à petit sa passion du jeu auprès de ses élèves. Elle anime également sur demande des ateliers de jeu adressés aux enseignants.

Article de:
Iconomix Team
créé le 09.12.2025