Enseignant d’économie et de droit à l’EPTM de Sion.
Thèmes: Economie politique, actualités économiques

Source: pixnio
Dans le Cadeau des Rois Mages, Della coupe des boucles de sa chevelure afin d’acheter à son époux, Jim, la chaîne manquant à sa montre en or. Jim, lui, vend sa montre en or pour offrir à son épouse des peignes en écaille de tortue marine. La transaction rappelle le sophisme de la vitre cassée: augmentation de la production mais mauvaise allocation des ressources. A la différence qu’ici, l’amour généré par le sacrifice de l’autre a compensé la perte sèche de chacun. Au contraire, si Della et Jim s’étaient offert le montant permettant de s’acheter les biens de leur choix, le couple aurait peut-être rompu… malgré une meilleure efficacité économique de la transaction.
L’économiste Greg Mankiw explique cette dynamique à l’aide de la théorie des «signaux». L’asymétrie d’information liée à l’amour que chacun porte pour l’autre provoque la rupture. Les protagonistes ne s’étant pas investis dans le choix du cadeau, ils ont envoyé un signal négatif à leur conjoint. Ce qui ne se serait probablement pas ressenti de manière aussi forte dans le cas d’un parent proche, dont l’amour n’est plus à prouver.
La situation devient plus délicate pour une personne que l’on connaît moins: ses préférences nous sont inconnues et l’argent n’est pas acceptable socialement. Selon une étude de Joel Waldfogel, ces transactions «engendrent en moyenne 20% de satisfaction en moins que les objets que nous nous achetons nous-mêmes». Les pires offreurs étant les beaux-parents. Reste la solution la plus proche de l’argent: la carte cadeau. Facile, pratique…efficace? Selon le New York Times, au-delà du peu d’implication dans le cadeau, pratiquement 20% de ces cartes ne sont jamais utilisées.
Au final, la valeur du cadeau dépend de la relation entre l’offreur et la personne qui le reçoit. L’économiste Alex Tabarrok la décrit ainsi: «Nous avons plusieurs personnalités en nous. Si vous désirez satisfaire l’économiste, offrez-moi de l’argent. Si vous désirez vous adresser à mon côté sauvage, utilisez votre imagination». Pour satisfaire notre côté économiste, Tabarrok et son collègue Tyler Cowen nous proposent un conte de Noël au sujet du cadeau idéal:
Marginal Revolution University - Economist's Christmas (05.12.2016)
Joyeuses fêtes de fin d’année!
Blog apparenté
Pour en savoir plus
- Contrepoints. Noel, une mauvaise chose pour l’économie. (27.12.2014)
Article confrontant la théorie keynésienne et non keynésienne au sujet de Noël. - Slate.fr. Pour Noël, dépensez, c’est l’économie qui vous dit merci. (13.12.2010)
Réflexions économiques sur les cadeaux de Noël.
Cet article est une contribution d’un invité. Son contenu n’engage que la responsabilité de l’auteur.
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